Bois de France et construction navale

            Le bois, matériau industriel le plus ancien, a toujours été utilisé par l’être humain, que se soit pour des activités à vue énergétique, d’ameublement ou bien encore de construction. En effet, l’Homme a eu recours à cette ressource pour construire notamment des bateaux il y a de ça environ 12 000 ans, motivé par une volonté de se déplacer et d’élargir ses horizons. Au fil des siècles l’humanité a évolué, et ses bateaux aussi !

            Concernant la France, on peut affirmer, sans trop se mouiller, qu’une marine à proprement parlé, n’existe pas avant le règne de Louis XIII, dit le Juste. Dès son entrée au sein du conseil du Roi, en 1624, le Cardinal de Richelieu met tout en œuvre pour constituer une véritable marine militaire d’État. C’est finalement grâce à Jean-Baptiste Colbert, principal ministre du roi soleil, que la flotte française devient la première d’Europe et peut désormais rivaliser avec la fameuse marine de guerre Hollandaise. En 1677, la France compte alors 199 unités dont 116 vaisseaux, 28 frégates, 17 brûlots, 24 flûtes et 14 grandes barques. Pour fabriquer autant de navires, il faut, de ce fait, un nombre conséquent de bois. Colbert, soucieux de trouver des bois à l’intérieur des limites du royaume et non des forêts du Nord de l’Europe, comme il en était la coutume, s’appuya sur les travaux de prospection des forêts des Pyrénées, réalisés, plus tôt, par Richelieu. Plusieurs massifs forestiers furent ainsi identifiés, comme celui d’Arette, d’Issaux, de Sainte-Engrâce, ou bien encore celui d’Iraty. En effet, ce dernier pouvait à lui seul fournir 7000 sapins à la mâture de Bayonne ! Les pins des Pyrénées, rassemblant légèreté et élasticité, possèdent toutes les qualités pour être utiliser dans la confection de bateaux et en particulier  pour leurs mâts. Toutefois, les hêtres et les chênes sont aussi coupés pour d’autres usages maritimes comme par exemple la construction d’avirons ou celle de planches de bordé. Abattre un sapin dans les forêts pyrénéennes c’est une chose, le transporter jusqu’à l’océan Atlantique s’en est une autre … Une fantastique entreprise se met alors en place. Une fois coupé, le bois est alors acheminé par convoi terrestre jusqu’au Gave d’Oloron. Ici il est assemblé en de petits radeaux et va être ainsi mis pour la première fois à l’eau et suivre le courant jusqu’au chantier naval de Bayonne. Cette ancienne technique, appelée « Radelage », est notamment utilisé, pour l’exploitation de la forêt d’Iraty sur le versant français, jusqu’en 1927, date à laquelle est construit le câble forestier, facilitant ainsi le transport des rondins de bois.

            Ainsi, la forêt d’Iraty fut la première exploitée pour son pin des Pyrénées et le resta pratiquement jusqu’à aujourd’hui.